“NeuroBLABLA” & parentalité +
M. Chabris : “Nous qualifions de neuroblabla un phénomène apparu ces 10 à 15 dernières années, quand les neurosciences ont pénétré dans le grand public. Chaque fois qu’on peut mentionner quelque chose à propos du cerveau, nos arguments pour expliquer le comportement humain paraissent plus crédibles. (…) Parfois c’est intéressant, mais parfois ça n’ajoute rien à la compréhension.”
Un domaine qui s’exalte des blablabla-pseudo-scientifico-sous-tenus est le très actuel mouvement de “parentalité positive” ou “bienveillante” (la génération des petits-enfants du phénomène Dolto en somme). Bien que les conseils “pratico-pratiques” puissent être de très bon recours pour des parents un peu démunis face aux comportements de leur petit ou moyen bout (à condition notamment de ne pas tendre à la culpabilisation), les citations commençant par : “les neurosciences nous apprennent que…” sont souvent peu tangibles ou manquent de scientisme… manque de bol, c’est concrètement ce que l’on attendrait des neurosciences !
I. Filliozat : “Les récentes découvertes de la neuro-physiologie et de la psychologie expérimentale éclairent d’un jour nouveau les comportements parfois exaspérants des enfants.” … ah bon ? lesquelles ?
Alors vigilance !!!
Amener du débat, l’inscrire dans notre époque, avec ce qu’elle comporte de nouvelles connaissances vis à vis du langage, des apprentissages, des émotions de nos enfants (pour poursuivre sur cet exemple) est aujourd’hui incontournable si nous (parents) souhaitons introduire une éducation multidimensionnelle, aussi riche que simple ou même évidente.
Tout est bon à penser. D’ailleurs en psychologie (clinique ou neuropsychologie) nous avons l’habitude des recherches qui se contredisent (au mieux…)… le 1er exemple qui me vient est celui des fameux “neurones miroirs”. Selon le Reproducibility Project, 61% des études de psychologie scientifique ne seraient pas reproductibles. Comprenez qu’il est bien osé de prétendre détenir une vérité, même neurologiquement induite…
Les psychologues pratiquent probablement plus l’autocritique de d’autres chercheurs comme en biologie ou en médecine. Si nous cherchions à tout reproduire, nous tuerions toute possibilité de faire émerger de nouvelles théories… hors nous aimons analyser… intégrer… mixer… confronter… au fur et à mesure de ce que nos patients nous apprennent. Car c’est l’expérience humaine qui doit rester notre source de questionnement prioritaire, par opposition à une idée expérimentale privée d’émotion.
Alors, pour tenter de répondre aux questions des parents (ceux qui viennent au cabinet, ou ceux qui sont curieux de lectures bloguesques), je continuerai à alimenter mes réflexions de lectures entre autres de D. Winnicott, M. Montessori, F. Veldman, M. B. Rosenberg, de recherches en neuropsychologie ou psychologie du développement, de lignes philo ou psychanalytiques… mais je me priverai de toute référence hasardeuse de type neuroblabla, vous l’aurez compris.
Ce point de cadrage étant fait, je profiterai de ce blog pour vous amenez “à penser” ce mouvement néo-parentalité dans les prochains articles.
Chabris M. in Le cercle psy, n°21, été 2016
Kammerer B. L’Education “positive” n’est pas aussi positive qu’on ne croit [en ligne]. Slate, juillet 2015, [consulté le 03 août 2016]. Disponible sur : http://www.slate.fr/story/104319/education-positive