Jouets : tradition et rapidité
Les jouets bruyants-àpiles-plastiques, sont bien moins “kinfolk” que les jouets traditionnels-en-bois mais ont-ils de vrais bénéfices en terme d’apprentissage ? Si certains voient les “néo-jouets” notamment comme une adaptation nécessaire à notre société-hyper-informatisée, d’autres s’interrogent… et à juste titre si nous nous référons à l’étude comparative de l’équipe de Radesky.
Ils ont comparé 3 types de jouets auprès de 26 familles :
- électroniques (dont une ferme sonore et un téléphone portable factice) ;
- traditionnels (dont un puzzle et un jeu de construction) ;
- des livres cartonnés à valeur éducative.
Les enfants s’expriment davantage et avec un vocabulaire plus riche quand ils manipulent des jouets traditionnels, et surtout les livres. Ils préconisent donc un usage raisonné des jouets électroniques pour le bon développement de l’enfant.
Un argument supplémentaire en faveur du jouet traditionnel est d’éviter (ou du moins de retarder) au maximum l’âge “ciblé” par les marketeurs (t’choupi, kitty…) !
Le jeu est incontournable pour nos enfants, quelque soit leur âge. Voilà quelques bases montessoriennes pour vous aider à choisir un jouet tradi’ :
- laisser lui le choix…
- la possibilité de se corriger
- impliquer les sens,
- mais pas trop d’informations/concepts (texture, couleurs, odeurs, bruits, etc.) dans un seul jouet ou une histoire
- favoriser la concentration et l’autonomie
- échanger !
Acheter un jouet à un enfant, ne devrait pas dédouaner le parent de sa fonction de supervision. C’est à travers ce partage d’expériences que l’enfant se construit, pas dans la sur-stimulation. Apprendre à un enfant à jouer c’est lui permettre de penser, imaginer, toucher, expérimenter, réfléchir et faire des liens.
Contrairement à ce que nous avons tendance à croire, les enfants aiment la rapidité ! Vous vous êtes déjà inquiété en constatant avec découragement que votre enfant n’arrive pas à attraper un ballon ? Vous avez craint un “retard psycho-moteur…” ? L’étude de Ahmed et al. nous démontre que les enfants ont d’autant plus de difficultés à attraper un objet qu’il se déplace lentement. Leur cerveau est peu adapté aux faibles vitesses. Ils sont en quelque sorte “aveugles aux vitesses lentes”… ce qui explique en bonne partie leur attrait pour les jeux et activités motrices énergiques (des petites voitures sur rails aux avions qui volent en passant par le tour de vélo comme passager le bout de nez au vent) !
Les neurones de la lenteur… prennent plus de temps à se développer… logique…
Alors, inutile de chercher à les ralentir ou à les sur-stimuler… chaque enfant évolue à son rythme, l’espace que nous lui laissons est nécessaire à développer son “potentiel créateur”.
Développement, respect rythme, autonomie… un article viendra … sur la “motricité libre”.
Jenny S. Radesky & co (2016). Keeping children’s attention the problem with bells and whistles. JAMA Pediatr. 2016;170(2):112-113. doi:10.1001/jamapediatrics.2015.3877. (en Brève dans Le Cercle Psy,n°21)
D. W. Winnicott (1975). Jeu et réalité, Gallimard.
I.J. Ahmed & co. (2005). Discrimination of speed in 5-years-olds and adults : Are children up to speed ? in Vision Research, vol. 45, p. 2129
A lire aussi : H. Junier (2012). Enquête : A quoi servent vraiment les jouets ?